Action 104
Action #104 — 18 février 2025 — Lettre ouverte à Clara Georges, autrice de l’article paru dans Le Monde du 14 février 2025 et intitulé : « Maman, ça veut dire quoi, “pute’’ ? »
Madame,
Quand votre fille de 9 ans vous a demandé ce que signifiait le gros mot « pute », vous lui avez expliqué que cela voulait dire « prostituée », et avez poursuivi en lui disant que « si certaines choisissaient ce métier, la plupart y étaient contraintes, un peu comme des esclaves ».
Pensez-vous que ce soit une bonne idée, pour un parent, d’apprendre à sa fille qu’il s’agit d’un « métier » ? Un métier parmi d’autres pour les femmes ?
Subir des pénétrations sexuelles non désirées, à répétition, par des inconnus : un métier ?
Savez-vous que la loi Olivier-Coutelle de 2016 considère les personnes dans la prostitution comme des victimes, et prévoit une amende pour les hommes payant un acte sexuel ?
Nous sommes des responsables de Zéromacho, réseau international d’hommes engagés contre le système proxénète qui détruit des vies. Pour nous, la prostitution est une domination machiste qui prend une forme sexuelle.
La prostitution n’est pas un métier, c’est une violence. Une série de violences. Dans l’immense majorité des cas, un esclavage sexuel.
Si, dans cinq ans, votre fille vient vous voir en vous disant : « Maman, je veux être prostituée », lui ferez-vous la même réponse ?
Réponse de Clara Georges
Merci pour votre message, et d’avoir pris le temps de m’écrire. Je ne pense pas avoir expliqué – dans cet article ou auprès de ma fille – autre chose que ce que vous décrivez. J’ai précisément parlé de l’esclavage sexuel dans la suite de l’extrait que vous citez: « Puis à lui dire que si certaines choisissaient ce métier, la plupart y étaient contraintes, un peu comme des esclaves, que des femmes étaient amenées en France pour le faire et enfermées par des hommes qu’on appelle proxénètes qui récoltent presque tous leurs gains. »
J’aurais dû employer le mot « travail » plutôt que « métier », vous avez raison. Malgré l’emploi de ce terme, je ne crois pas avoir donné à penser, dans ce paragraphe, que la prostitution pouvait être enviable ni auprès de nos lecteurs ni auprès de ma fille (!), à laquelle j’ai effectivement dit que les clients des prostituées étaient punis par la loi. Cependant, je ne voulais pas omettre l’existence d’une minorité de femmes qui déclarent avoir choisi la prostitution. Je ne porte pas de jugement moral sur leurs propos ou sur ce choix.
Réponse de Zéromacho
Les seules personnes qui ont le choix en matière de prostitution, ce sont les hommes qui paient pour obtenir un acte sexuel. Ils pourraient d’autant plus éviter de le faire qu’ils encourent une amende de 1 500 €, et de 3 150 € en cas de récidive. Par cette disposition, la loi Olivier-Coutelle de 2016 montre bien que la prostitution n’est ni un métier, ni un travail, ni une activité, ni un service sexuel : elle affirme qu’acheter un acte sexuel est une violence.
Nous complétons : la prostitution est une série de violences ; dans l’immense majorité des cas, un esclavage sexuel. Les responsables de ces violences, désignés par la loi, sont les proxénètes et les clients-prostitueurs.