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Des hommes contre la prostitution
et pour l'égalité

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Action 74—

action #74— La loi est bonne, et c’est la loi — 6 novembre 2019

Texte publié le 6 novembre 2019 sur le site de Libération

La loi contre le système prostitueur est une bonne loi. Son plus grand défaut ? Elle est appliquée inégalement.

La France est à l’honneur, depuis 3 ans que la loi contre le système prostitutionnel a été votée, soit 19 ans après la loi suédoise. À l’étranger, on admire le « modèle franco-suédois » qui inverse la culpabilité : aujourd’hui, celui qui encourt une sanction, c’est l’homme qui paie un acte de prostitution, le prostitueur. Autrefois,  on l’appelait « client », quand on voyait cet acte comme une transaction commerciale entre un acheteur et une vendeuse (ou un vendeur, mais c’est plus rare).

Aujourd’hui, en cohérence avec le mouvement mondial de dénonciation des agressions et du harcèlement sexuels lancé par #MeToo, on a enfin intégré la prostitution dans l’ensemble des violences masculines contre les femmes. Il était temps : l’immense majorité des femmes qui, en France, sont en situation de prostitution, sont des étrangères, de plus en plus jeunes, trompées par des proxénètes et des trafiquants d’êtres humains.

Cette loi est une bonne loi, et nous pouvons en être fiers. Comme le montre le premier rapport d’évaluation (Fondation Scelles, octobre 2019), là où elle est appliquée, elle a permis des avancées pour ces personnes.

Grâce à des commissions départementales, des parcours de sortie de prostitution sont maintenant possibles. Un travail, un logement… Des associations entendent des femmes jusqu’ici privées d’avenir reprendre espoir et même, crier leur joie. Ces parcours sont, certes, imparfaits ; ils sont surtout trop peu nombreux.

Quant aux prostitueurs, la police leur dresse des contraventions : en France, en 3 ans, 4 000 hommes ont été interpellés, dont 2 000 à Paris. Certains d’entre eux, trop peu, suivent un stage de sensibilisation : des travailleurs sociaux et aussi des personnes anciennement prostituées leur font prendre conscience de violences dont ils n’avaient pas idée. Un pari inédit sur le changement et qui semble déjà porter ses fruits.

Pour qu’une loi soit appliquée, il faut une volonté politique. Une volonté d’autant plus forte que cette loi marque une rupture avec des siècles de laissez-faire et de complaisance envers ce système de domination et de violence qu’est le système prostitutionnel.

Le gouvernement a fait de la lutte contre les violences infligées aux femmes l’un des axes de son action. Nous lui demandons d’agir avec la même détermination pour que la loi contre le système prostitutionnel soit appliquée dans tous les territoires de la République.

 

Premières signatures (par ordre alphabétique)
Olympia Alberti, écrivaine
Gérard Biard, journaliste
Hélène Bidard, adjointe à la maire de Paris en charge de l’égalité femmes hommes
Danielle Bousquet, ancienne présidente du Haut Conseil à l’égalité entre les femmes et les hommes
Blandine de Caunes, écrivaine
Vincent Cespedes, philosophe
Laurence Cohen, sénatrice du Val-de-Marne
Catherine Coutelle, ancienne députée et présidente de la Délégation aux droits des femmes à l’Assemblée nationale
Eva Darlan, comédienne
Jacques Gaillot, évêque
Alain Lipietz, économiste, ancien député européen
Florence Montreynaud, historienne
Maud Olivier, ancienne députée
Christine Pedotti-Bonnel, directrice de Témoignage chrétien
Micheline Pelletier, photojournaliste
Monique Pelletier, ancienne ministre
Yvette Roudy, ancienne ministre
Inna Shevchenko, cofondatrice des FEMEN

signatures suivantes
Catherine Velle, romancière
Henri Pena-Ruiz, philosophe
(à suivre)