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Des hommes contre la prostitution
et pour l'égalité

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13 juin 2012

Lettre ouverte à M. Frédéric Joignot

journaliste à M (supplément du Monde)

« PROSTITUTION : PASSEZ du 19e AU 21e siècle ! »

Un concentré de ringardise machiste : voici ce qu’a découvert le réseau Zéromacho dans votre article de M du 9 juin 2012. Vous y rendez compte de la manifestation du Syndicat des travailleurs du sexe qui s’est déroulée à Paris le 2 juin. Comme ce lobby, vous vous opposez à la proposition de loi Geoffroy-Bousquet « visant à pénaliser les clients ».

Voici la fin de votre texte : « Le client n’est pas un criminel s’il sollicite les services d’une personne majeure consentante ; soumis au droit commun, il ne doit pas utiliser la force ou la menace, ou abuser de la faiblesse d’une personne. Dès lors, rien n’autorise sa pénalisation. Pourtant, PS et UMP entendent le réprimer. Au nom de quel principe ? Ces rapports sexuels entre adultes consentants sont payants. L’amour tarifé serait éthiquement inférieur à l’amour gratuit. Il doit donc être prohibé. Tous ceux qui ne partagent pas ce jugement moral discutable doivent-ils être emprisonnés et rançonnés ? Faudra-t-il pénaliser les mariages d’argent ? Les hommes seuls cherchant une sexualité ? Les puceaux attardés en quête d’éducation ? Les célibataires handicapés ? »

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Allez donc aérer votre indignation du côté des boulevards extérieurs parisiens ! Vous pourrez y observer de nombreux exemples féminins, jeunes et décharnés d’« adultes consentantes », dans l’exercice de leur activité« amoureuse ».

Oserez-vous prétendre que l’homme s’offrant les services de ces femmes dont la détresse et la misère physique sont évidentes n’« abuse pas de la faiblesse d’une personne » ? Pourrez-vous affirmer que ce client-prostitueur n’est pas le complice des esclavagistes qui les exploitent et les réduisent à l’état de bétail humain ? Soutiendrez-vous que l’argent efface la violence de l’acte ? La réalité de la prostitution contemporaine est là, et non dans les fantasmes de « filles de joie » et la célébration de la libre entreprise sexuelle.

En employant des mots du 19e siècle — « amour tarifé », « mariage d’argent », « puceaux » —, vous reprenez à votre compte les arguments de ceux qui veulent « libéraliser » la prostitution, en enveloppant cette institution réactionnaire et machiste d’un parfum sulfureux et libertaire.

Votre compassion pour les hommes seuls, vierges ou handicapés ne s’étend pas jusqu’aux femmes dans le même cas. Quant aux personnes prostituées, peu vous importe qu’elles subissent chômage, précarité, chantage d’un proxénète ou violence d’un réseau criminel.

Elles sont là, c’est donc qu’elles sont « consentantes » : une pensée simple pour un monde simple et un point de vue masculin. Quelle confusion entre le consentement, qu’on peut obtenir de nombreuses façons — menaces, violences, pressions psychologiques —, et le choix, seule condition d’exercice de la liberté individuelle ! Quelle méconnaissance de la solitude masculine, qui selon vous se dissoudrait par la magie d’un rapport sexuel de quelques minutes à l’arrière d’une camionnette !

Trop occupé à défendre l’honnête citoyen « emprisonné et rançonné », vous en oubliez les prostituées, quotidiennement pénalisées, rackettées, violentées, humiliées. Ayant l’indignation sélective, vous avez choisi votre camp : celui des clients-prostitueurs, qui ont le pouvoir de l’argent. Une croisade qui rappelle celle des lobbyistes de la vitesse contre le « racket » des radars et du permis à points…

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Le réseau Zéromacho soutient la proposition de loi Geoffroy-Bousquet et demande aux pouvoirs publics de :

http://www.facebook.com/pages/Z%C3%A9roMacho/147617508668439

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Zeromacho (an international network of men against prostitution with 874 members in 37 countries) recently wrote an open letter to a French journalist, Frédéric Joignot, about an article published in the supplement of the newspaper Le Monde (June 9).
M. Joignot is supporting the position of a pro-prostitution lobby, and is opposing the penalization of clients, with arguments and words that date back to the 19th century: «consent» (instead of «desire») and «buying love», comparing prostitution to «marrying for money», and concern for unhappy virgin men.
Zeromacho invited him to visit places near Paris where he can see real-life young, emaciated women, victims of violent mafia networks, instead of nurturing his fantasies about «les p’tites femmes de Paris».
M. Joignot has chosen to support «prostituting-clients», who have the power of money, instead of the victims of a violent system. The freedom that a very few prostituted people and all pro-prostitution lobbyists call for is an illusion, because it is usually forced by pimps, drug and violence.

If you care to express your own opinion to M. Joignot about his text (see below for an excerpt in French), his address is joignot@lemonde.fr