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Des hommes contre la prostitution
et pour l'égalité

Prostitution et violence : le problème central de la sexualité masculine

Extrait de l’essai de Stefano Ciccone,
Essere Maschi. Tra potere e libertà,
[Être hommes. Entre pouvoir et liberté]
Rosenberg & Sellier, Turin, 2009, pp. 39-47

Le viol, si on considère à la fois sa signification symbolique, les types de relations et l’imaginaire, n’est que la forme extrême de la violence dans des relations entre les sexes d’un certain type : celui dans lequel les hommes, pour imposer aux femmes ou pour obtenir d’elles un rapport sexuel, pratiquent dans le cadre professionnel harcèlement et chantage sexuels, arbitraire et abus de pouvoir. Les hommes politiques, les entrepreneurs, ceux qui exercent le pouvoir dans le cinéma, tous ces hommes qui imposent des rapports sexuels en échange d’une proposition de carrière ou d’un poste de travail manifestent ainsi leur mépris pour les femmes, réduites au statut d’objet de consommation, mais aussi leur mépris pour leur propre corps et leur propre désir, mis en œuvre dans un désert relationnel, car la médiation de leur propre pouvoir leur est nécessaire comme moyen d’échange.

Le livre de Paola Tabet [anthropologue italienne] La Grande Beffa1 met en évidence le fait que l’échange économique est l’élément le plus caractéristique des rapports sexuels entre femmes et hommes, au-delà de la diversité de leurs formes ; l’auteure pose cette question :

Peut-on soutenir que l’échange économico-sexuel structure les relations sexuelles et la sexualité elle-même dans les rapports hétérosexuels ? […] Notre société, nous le savons bien, n’admet pas explicitement l’existence d’un rapport économique, c’est-à-dire d’une transaction concernant la sexualité, sauf dans la seule prostitution. Alors qu’on en vient à définir la prostitution par des expressions comme « une femme qui se vend », « une femme qu’on achète », […] les autres formes de transaction sont cataloguées, rangées dans d’autres catégories (don, affection, etc.), et même cachées sous un voile très léger, comme quand on parle d’un « bon parti », ou de « faire un bon mariage ».

Traiter le thème de la prostitution dans un chapitre consacré à la violence masculine peut sembler excessif. Le dialogue avec le mouvement des prostituées nous a appris à éviter de banaliser les rôles des personnes en présence, à éviter de voir dans la seule prostituée une victime de l’exploitation ; il nous a appris à appréhender les relations de pouvoir diverses et évolutives qui s’instaurent entre clients et prostituées. Traiter ce thème ici se justifie pourtant car, pour comprendre ce qui se passe dans la prostitution, il faut avoir présente à l’esprit la représentation d’une sexualité masculine très pauvre, qui serait limitée à une « décharge » physiologique et coupée de la sphère émotive et relationnelle : c’est ce qu’on invoque pour atténuer la responsabilité de jeunes violeurs, ou pour soutenir que la prostitution est inévitable, qu’elle a presque une fonction sociale ­— « contenir » l’expression de la sexualité masculine. Contraindre une femme à un rapport sexuel, acheter du sexe au bord d’une route de banlieue, vivre une sexualité prédatrice par nature et assimilable à un besoin physiologique considéré comme « bas » : outre leur dimension de violence et de domination, que disent ces images, si ce n’est une misère désolante ?

Le livre Quanto vuoi2 traite de façon approfondie des relations complexes entre clients et prostituées. Ici, il faut noter que le rapport sexuel est très souvent vu comme une « décharge » ou un « exutoire » ; les mêmes hommes le perçoivent aussi comme frustrant et insatisfaisant, la plupart se demandant, tout de suite après, pourquoi ils ont ainsi « gaspillé cet argent ».
Dans son travail sur le débat en Italie autour de la loi Merlin3, Sandro Bellassai propose des aperçus éclairants sur le lien intime entre discours sur la prostitution et représentations sociales de la sexualité masculine. La honte sociale attachée à la prostituée est surtout liée à l’impureté du désir masculin dont elle assume la charge.

La femme suscite le désir mauvais mais impératif de l’homme, et c’est au travers d’une femme prostituée que ce désir peut « se donner libre cours » et donc être dompté par la volonté ; s’approprier le corps de cette femme par de l’argent, moyen dont les hommes disposent traditionnellement, est la meilleure façon d’accomplir un exorcisme semblable du désir. Dans le processus qui neutralise le désir masculin impur au moyen de la femme-instrument, l’impureté est catalysée grâce à la femme elle-même, et à son corps dans lequel le désir de l’homme est déchargé […] Selon les partisans de la réglementation, [les bordels] sont nécessaires, avant tout, pour la satisfaction du désir sexuel masculin, considéré comme relevant d’un domaine échappant à l’histoire comme à la critique, et défini comme « naturel » ; en second lieu, ils sont nécessaires à la moralité de la société qui a besoin de lieux appropriés dans lesquels cette énergie tellurique « naturelle » peut se décharger sans nuire à la société, et enfin ils sont justifiés par des considérations sanitaires.

Il en découle que l’argent n’est pas seulement un moyen de se procurer des services féminins, mais de maintenir et de garantir la stabilité et l’autorité masculines en les mettant à l’abri des pulsions qui tendraient à les déstabiliser. Dans son livre, Bellassai cite longuement le débat dans la société et au parlement sur la proposition de loi, avec l’affirmation des avantages du contrôle de la prostitution par l’État :

En 1958, Calabro, député néofasciste, invite la majorité à penser à ce qui arrivera aux jeunes obsédés par le sexe, une fois qu’ils seront libérés d’eux-mêmes, sans aucun contrôle […] Mazzoni, ancien sénateur social-démocrate, met en garde solennellement contre le fait d’empêcher de jeunes marins de satisfaire « un besoin bestial — dit bestial, s’il vous plaît, je ne lésine pas sur les adjectifs —, exutoire inévitable qui est le patrimoine de ce pauvre et faible corps humain [de toute évidence, il se réfère au corps masculin]. [Italiques et crochets ajoutés par l’auteur]

On trouve ensuite mention des conséquences présumées de la loi selon le médecin de Bologne Azzoguidi, ce qui confirme la vision de la prostitution comme une aide au maintien de l’ordre moral de la société face à la faiblesse du corps. Ici, le lien que nous avons supposé entre violence masculine contre les femmes et prostitution devient évident : la prostitution offre un exutoire aux pulsions masculines qui, si elles en étaient privées, menaceraient l’ordre des familles et la préservation des « femmes bien ».

[Bellassai, p. 143] Depuis l’entrée en vigueur de la loi Merlin, l’augmentation des délits sexuels est effrayante ; les journaux sont pleins […] d’actes obscènes, de viols, de détournements de mineurs, de manifestations de perversions sexuelles : tel en est le triste bilan.

Il est significatif que la même représentation réapparaisse de nos jours sous la plume de Laura Maragnani4, affirmant qu’à chaque prostituée correspond une Italienne sauvée, équivalence parfaite en termes d’exutoire, de diminution arithmétique des tensions sociales et ethniques.

Aujourd’hui, pour alimenter le marché du « désir » masculin dans les villes d’Occident, des milliers de jeunes femmes sont réduites en esclavage chaque année ou contraintes à se prostituer.

Pourquoi chaque jour en Italie des centaines de milliers d’hommes de toutes classes sociales, de tous âges, de tous milieux culturels consomment-ils du sexe avec une prostituée ? L’argent permet de construire un espace anonyme et artificiel dans lequel règles du jeu et rôles évoluent selon les fantasmes et les projections des hommes. Avec une prostituée, se dit l’homme, je paie et je décide : j’ai l’illusion d’une relation dans laquelle j’ai le pouvoir de déterminer les rôles, les limites et les formes du rapport, sans me poser de question, sans assumer aucune contradiction ni demande. Je peux immédiatement être consolé et gratifié. Je peux croire que je suis puissant et autonome. En payant, je fais l’économie des soucis d’une relation, j’ai un rapport sexuel sans m’investir, sans laisser affleurer mes fragilités, mes peurs, mes insuffisances, bref sans y être.

La croissance constante de l’offre de prostitution alimente l’imaginaire masculin, avec le fantasme d’un supermarché où on peut « choisir » des femmes et où sont proposées en permanence des offres nouvelles : des femmes jeunes, toujours plus jeunes, et donc des mineures ; des prestations extrêmes, toujours plus extrêmes, grâce auxquelles l’homme ressent l’ivresse de la violence, de l’humiliation, de la domination. L’image du supermarché est liée non seulement au modèle de la consommation de marchandises, mais aussi à l’anonymat que permet l’argent. Les fantasmes qui lui sont associés en disent long sur cet imaginaire masculin : la recherche d’une jeune fille innocente, presque une enfant, privée d’autonomie et du statut de sujet, au teint clair, avec qui on peut jouer du contraste entre contrôle et violation ; ou la femme africaine avec laquelle le fantasme de domination s’accentue, d’autant que la dimension primitive et brutale de la sexualité de l’homme peut être projetée sur l’autre dans un jeu à arrière-plan culturel explicitement raciste. Dans les récits des prostituées nigérianes, l’insulte raciste fait partie de la violence du rapport sexuel qui est ressenti fréquemment comme un viol payé. La relation entre la prostitution d’une part, la perception et la représentation du corps et du désir masculins de l’autre, se définit ainsi : l’homme qui paie fait avec la prostituée ce qu’avec sa compagne il n’a pas le courage ou la permission de faire, car il le considère comme sale et dégradant, et l’assimile à une violation.

Sur la prostitution, comme sur de nombreux sujets relatifs à la sexualité et au corps, le débat public est marqué par deux refoulements singuliers. Le premier est lié au fait qu’il s’agit d’une question sur notre sexualité, sur les relations entre les sexes, et aussi sur l’imaginaire : loin d’être définis une fois pour toutes, ces sujets sont des enjeux de conflits politiques et culturels qui ne supposent pas seulement des interventions d’ordre réglementaire (qu’il s’agisse de réprimer ou de légaliser). Le second concerne l’un des sujets liés au problème : les hommes. Se représenter la complexité sociale telle qu’elle s’exprime par des individus sexués différant par l’histoire, la culture, l’origine géographique et la disponibilité économique, en la remplaçant par la fiction d’un marché abstrait, où se rencontrent des individus neutres et libres, présente le risque de supprimer les différences entre les personnes, qui sont neutralisées dans la relation payée, et d’occulter pouvoirs, projections, imaginaires et significations symboliques qui structurent ces relations.

Il ne s’agit pas de porter un jugement sur les personnes qui se prostituent, mais d’établir les raisons qui amènent des hommes dans nos villes à payer pour consommer du sexe. Déplacer le point de vue des personnes qui se prostituent (ou y sont contraintes) aux motivations des clients permet de dépasser l’opposition entre répression et réglementation. Cela suppose de dépasser la question des droits et de la protection, et de rechercher l’origine de la demande de prostitution. En refusant de porter une condamnation moraliste sur la prostitution, on ne peut en effet se limiter à considérer le marché comme un lieu neutre où se déploient des relations libres d’échange entre des personnes. Car le marché, et ce qui s’y rapporte, n’a rien de neutre quant aux relations entre les sexes. D’où la nécessité de rapprocher sur le plan politique et culturel la prostitution et ce qu’elle révèle des relations entre les sexes et des représentations répandues de la sexualité, en sortant de la voie étroite qui impose de choisir entre normalisation morale, donc condamnation de la prostitution, et normalisation juridique permettant le libre exercice du marché du travail sexuel. Cela signifie se référer à une idée de la politique qui ne repose pas seulement sur la régulation de droits (ou même leur déni), dont il faudrait limiter l’emprise dans les rapports entre personnes, mais qui serait à même d’interroger les désirs et l’imaginaire, de faire parler les différences, de penser un changement non seulement des normes mais aussi des relations effectives entre les personnes.

Les études sur la prostitution5 traitent d’un phénomène à échelle mondiale, dont le chiffre d’affaires équivaut au marché des armes et à celui des drogues, avec chaque année des centaines de milliers de femmes quittant leur pays (volontairement ou par suite d’un chantage, parce qu’elles sont tombées dans un piège ou qu’elles sont victimes de violence) pour alimenter un marché engendré par la consommation des hommes occidentaux. On estime qu’il y a près de 9 millions de clients en Italie : cela nous oblige à y voir une part, même si elle est secrète, de notre normalité. Plusieurs prostituées interviewées dans le livre de Corso et Landi affirment : « Je ne crois pas qu’il y ait un homme qui n’ait pas, au moins une fois dans sa vie, payé une prostituée. Celui qui le dit ment et sait qu’il ment. » Mais les éléments chiffrés ne suffisent pas à faire de la prostitution une donnée structurelle : le mécanisme de scission entre femmes bien et prostituées  — qui est en réalité une scission interne aux hommes entre le sexe considéré comme un exutoire à de bas instincts ou associé à l’affectivité —, la représentation de la sexualité masculine comme liée à la « consommation » du corps de la femme par la médiation de l’argent, de la violence, du pouvoir et de tout ce qui n’est pas la relation entre deux sujets se choisissant par désir réciproque, tout cela est constitutif de la représentation sociale des relations entre les sexes.

Considérer la prostitution comme un phénomène structurel et non comme une urgence récurrente n’a évidemment rien à voir avec le fait de la définir comme « le plus vieux métier du monde », autrement dit un fait naturel et inéluctable ; au contraire, cela en fait la matière de questions posées à notre société sur ses fondations, ce qui va au-delà de simples interventions sectorielles. Au contraire, quand on met l’accent sur l’urgence de la prostitution, cela encourage des politiques répressives qui prétendent défendre la sécurité et la dignité pour justifier des pulsions xénophobes et régressives. Pourtant, on ne peut pas s’opposer à l’instrumentalisation de cette urgence en minimisant le phénomène : au contraire, il faut affronter la valence sociale et politique qu’il a fini par prendre.

La consommation de prostitution en dit long sur la sexualité masculine et sur son imaginaire, scindé entre une partie de soi qui vit des relations affectives et des formes de désir propres à notre vie quotidienne, et une autre qui est reléguée sur les boulevards de la périphérie, dans le privé, dans des appartements avec « entrée à l’arrière ».

Aux politiques fondées sur la répression, la télésurveillance pour dissuader les clients, les amendes et les interdictions, il faut répondre par une capacité de médiation sociale et une politique en mesure de construire une culture, de produire des conflits, pour transformer les comportements, l’imaginaire, les relations entre les personnes.

En même temps, pour s’opposer aux atteintes aux droits des personnes sous le prétexte d’une lutte contre la « prostitution », on ne peut pas se réclamer d’une « culture des droits » réductrice, liée à une idée abstraite des relations entre individus, dans laquelle le « contrat » est la condition et la mesure de leur autonomie réciproque. Le débat sur ce thème reste prisonnier de l’alternative entre jugement moral et laissez-faire, ce qui amène à l’impasse d’une opposition entre prostituées demandant légitimement la reconnaissance de leurs droits et femmes réduites en esclavage. À ce point de vue, il faut signaler le grand intérêt du parcours et de la réflexion menée par des réseaux de clients et d’ex-clients qui se développent en Italie : ils ont contribué au projet « La Maison d’Isoke »6, où l’expérience des clients ainsi que l’aide à des femmes pour qu’elles échappent à l’esclavage de la traite ont été utilisées pour une réflexion sur la sexualité masculine.

Dans ce débat, déplacer le point de vue sur nous les hommes signifie aussi mettre l’accent sur le statut de sujet des femmes et sur leur liberté. Dans la prostitution, les hommes se présentent comme des clients ou des exploiteurs, ou bien des sauveurs ou des défenseurs des femmes (dans la version contradictoire du client qui aide la femme à échapper à la traite, ou du prêtre hypocrite qui décide de limiter la liberté de l’autre « pour son bien »). Tous ces rôles enlèvent aux femmes le statut de sujet : qu’elles soient vues comme à consommer, à exploiter ou à protéger, elles sont réduites à un statut mineur qui, comme dans le rapport avec la prostituée, permet de  faire abstraction de la relation. Plutôt que de « dicter la morale », de faire régner l’ordre dans nos villes, de protéger ou de défendre les femmes, nous devons commencer par nous interroger sur nos propres vies pour découvrir d’où vient cette misère, qui n’est pas celle de la prostituée mais la nôtre.

Paola Tabet rappelle le caractère structurel de la médiation par l’argent dans les relations sexuelles entre hommes et femmes, bien au-delà de la dimension de prostitution. L’argent est lié directement au rôle social masculin, et il est donc un instrument servant à confirmer une virilité socialement construite. Il est toujours l’expression de la première des formes de l’attention masculine. Les hommes rapportent l’argent à la maison, invitent à dîner, font des cadeaux aux femmes, ne les laissent pas payer. Le lien entre don et pouvoir est ici d’une ambiguïté qui va jusqu’au court-circuit entre l’apparence du geste d’attention qui amène l’homme à s’investir pour que l’épouse n’ait pas besoin de travailler, et l’obligation propre à la femme de renoncer à son autonomie et à la dimension de projet et de relation liée au travail. L’argent renforce ainsi les rôles et les relations entre femmes et hommes, tout en étant lié à des représentations différentes des corps et du désir.

Le recours des hommes à l’argent révèle que, dans la perception sociale, la valeur de leur corps est insuffisante sur le marché du désir sexuel. Extraits d’interviews publiées dans Quanto vuoi ?7 :

[Un client] Dans le rapport client-prostituée, c’est la prostituée qui est en position de force. Pourtant, la plupart des clients, même les plus assidus, ne s’en rendent pas compte. D’un autre côté, qui paye ? Celui qui a le plus besoin : tu as déjà vu des avocats qui paient leurs clients ?

[Une prostituée] Ce qui me semble le plus pénible est le fait qu’il y ait des personnes qui veulent en acheter d’autres. Et même que ce soit des hommes qui veulent acheter des femmes, parce que ce sont les hommes qui veulent acheter les femmes et non l’inverse. Moi, en face d’eux, je ressens une espèce de complexe de supériorité […] à ce sujet, je trouve même juste qu’un homme qui désire une femme la paie, parce que vraiment une femme est plus qu’un homme, elle vaut plus et donc il est juste que cette valeur se traduise en argent, de façon immédiate, concrète et tangible.

Au cours de rencontres dans des écoles ou de débats dans des quartiers, pour contrer les lieux communs sur ces thèmes, j’ai essayé d’inverser l’image de la femme sur une route de banlieue abordée par des hommes qui lui offrent de l’argent en échange de rapports sexuels : j’ai demandé qu’on m’imagine peu vêtu et placé dans les mêmes conditions que les femmes faisant des propositions de ce genre. L’hilarité systématique que j’ai suscitée révèle combien est répandue dans l’imaginaire la représentation du désir masculin boulimique (les femmes ne vont pas le soir dans la rue chercher du sexe en payant ; comme disait une fille dans une école : « Les hommes sont toujours disponibles, pas besoin de leur proposer de l’argent ! »), mais aussi d’un corps dont il semble ridicule de le penser comme l’objet d’une « demande du marché ».

1 traduction française : La Grande Arnaque. Sexualité des femmes et échange économico-sexuel, Paris, L’Harmattan, Bibliothèque du féminisme, 2004, 207 p.

2 Tu prends combien ? Des clients et des prostituées se racontent, Carla Corso et Sandra Londi, éd. Giunti, Florence, 1998.

3 du nom de la sénatrice Angela Merlin ; cette loi met fin en 1958 au système des bordels [NDT] — La Loi du désir, le projet Merlin et l’Italie des années 50,éd. Carocci, Rome, 2006.

4 « Nere invisibili »,Diario, 20 octobre 2006.

5 Monzini, Il Mercato delle donne [Le Marché des femmes].

6 Laura Maragnani et Isoke Aikpitanyi, Les Filles de Benin City. La traite des nouvelles esclaves du Nigeria sur les trottoirs d’Italie, éd. Melampo, Milan, 2007.

7 Tu prends combien ?p. 18